vendredi 21 octobre 2016

Le Doudou des bois


Voici une histoire parfaite pour parler de l'automne et des changements qui s’opèrent dans la nature. Les illustrations de cet album se prêtent très bien  à préparer une promenade dans la forêt. On observe les feuilles qui sont tombées des arbres, celles qui changent de couleurs. Les paysages sont chatoyants et les couleurs nimbées de rouges et de bruns étincelants. On y voit des feuilles mortes, des champignons, des bogues de châtaigne, des baies dans les arbustes et, à l'abri des arbres, on aperçoit des animaux bien cachés qui observent notre petite héroïne. Un cerf, un renard et  une grenouille  pointent leur nez derrière les arbres. Un peu plus loin dans la forêt, des marcassins apparaissent ainsi qu'un raton laveur.


Cet album met en scène Georgette à qui il arrive "quelque chose de terrible". Elle perd son doudou au cours de cette promenade dans les bois. L'album bascule dans l'imaginaire. Le monde dans lequel évolue la petite fille est un monde sans adulte. Les animaux y circulent en liberté et l'enfant elle-même est parfaitement autonome dans sa quête d'un objet destiné à remplacer le lapin en peluche qu'elle a perdu la veille. 

C'est une histoire qui permet de parler des sensations.  Angélique Villeneuve l'auteur, évoque avec poésie le toucher, l'odeur, tout ce qui permet de décrire autrement qu'avec la vue. Georgette part à la recherche d'un objet pour remplacer son doudou qui lui a tant manqué la nuit précédente
D'un thème classique, le doudou perdu, l'auteur fait une aventure extraordinaire. A la manière d'Alice de Lewis Caroll  ou de Dorothée du Magicien d'Oz de Lyman Frank Baum, la petite fille devient l'héroïne d'une histoire fantastique. Le lapin en peluche restera irrémédiablement perdu et ne sera pas retrou providentiellement. Grâce à ce texte, l'enfant peut apprendre à faire le deuil de son doudou si il le perd définitivement.

Cependant,  c'est surtout  un très bel  album qui parle de l'automne. Les paysages sont magnifiques. Amélie Videlo dessine une forêt superbe avec de belles nuances de roux.

C'est un album parfait pour accompagner la saison de l'automne. 

Dès 4 ans.

Le Doudou des bois
d'Angélique Villeneuve
illustré par Amélie Videlo
Éditions Sarbacane
2016.

vendredi 14 octobre 2016

Desorientale


Quand les enfants dorment les parents lisent...



Née en Iran, arrivée en France à l’âge de 10 ans, Kîmia est maintenant une jeune femme moderne, parfois un peu féministe.
A la manière de la Shéhérazade des Contes des Mille et une Nuits, elle nous raconte l'histoire de sa famille. Elle retrace les scènes qu'elle  a entendues enfant. Sa grand-mère Nour a grandi dans un harem. Du côté de son père, elle a hérité d'une aïeule arménienne. Kîmia ou Kim, ainsi qu'on l'appelle parfois, interpelle le lecteur comme une conteuse déroule son récit, l'interrompt pour raconter un évènement antérieur puis en reprend le fil et  l’entrecoupe encore d'allusions à un avenir qui s'est déjà déroulé pour elle et les siens.

Son histoire est celle d'un exil, d'un nouveau départ dans un autre pays où il a fallu s'intégrer. La jeune femme a du mal à se trouver, piégée entre ses racines orientales et sa vie occidentale.

C'est au moment de songer à être mère que débute ce récit, sorte de monologue intérieur, de retour sur soi-même.
   
Le roman est centré sur un "évènement" qui semble avoir bouleversé sa vie, dont elle remet à plus tard le récit mais qu'elle évoque constamment. Le
récit progresse cependant, émaillé de ses craintes et de ses regrets.

C’est un texte composé de deux parties à la manière d’un disque vinyle, une première face centrée essentiellement sur l’Iran et une seconde qui se situe en France. Kîmia adulte fréquentera et travaillera dans un milieu de musiciens. C’est grâce à la musique qu’elle a trouvé sa place dans la société. C’est également une réflexion sur l’identité sexuelle car la Kîmia enfant était un garçon manqué et la Kîmia adulte a parfois l’impression d’être un homme dans un corps de femme.

Désorientale est un roman très riche aux multiples thèmes. Il est passionnant, les personnages sont hauts en couleur. Il évoque de manière romanesque la destinée politique de l’Iran tout en restituant l’histoire fascinante de ce pays et des Persans.

Negar Djavani signe ici son premier roman. D’origine iranienne, elle est comme son héroïne, arrivée en France à 11 ans et n’est jamais retournée dans son pays. Scénariste de profession, elle vit désormais à Paris.


Desorientale
de Negar Djavadi
Editions Liana Levi 2016 

samedi 1 octobre 2016

Et si....

Lorsque Cal aperçoit Nyelle pour la première fois à une fête universitaire à Crenshaw, il est certain qu'il ne peut s'agir que de Nicole, une amie d'enfance avec laquelle il a grandi. Seulement celle-ci n'a rien à voir avec la petite fille qu'il a connue. Sa personnalité semble être aux antipodes de l'amie d'enfance avec laquelle il a joué plus jeune.

L'héroïne de Et si... rappelle un peu la Margo de Paper Towns de John Green,  en français la face cachée de Margo. La ressemblance ne s'arrête pas là. Dans les deux romans, l'histoire est raconté par un adolescent. Nielle est imprévisible, semble aimer passer du temps avec Cal et disparaît ensuite pendant des jours sans donner signe de vie.

Le narrateur se sent progressivement attiré par cette dernière même si  elle semble être devenue complètement amnésique et n'évoque jamais sa vie précédente.

Cal ignore pourquoi il la rencontre dans la fac qu'il fréquente et non dans l'université prestigieuse qu'elle devait intégrer. Elle est auréolée de mystère et Cal est bien décidé à résoudre celui-ci et découvrir ce qui l'a autant changée.

Rébecca Donovan qui signe ce roman est l'auteur d'une série Breathling  qui a déjà connu  un certain succès. La trilogie en français contient Ma raison de vivre, Ma raison d'espérer et Ma raison d'exister. Et si...est un roman aussi addictif que sa série précédente. L'auteur a l'art de tenir en haleine le lecteur. Son ton est juste. Ses personnages ne sont pas des adolescents rebelles mais des jeunes à la sensibilité parfois exacerbée qui se cherchent. Elle excelle à tracer des portraits  de leurs personnalités et de leurs paradoxes et surtout elle  met au cœur de son roman l'importance de l'amitié, la difficulté à sauvegarder les relations  d'enfance.

Dès 12 ans.


Et si...
de Rebecca Donovan,
PKJ
2016