Le Nao de Brown
de Glynn Dillon
Editions Akileos
2012
Le Nao de Brown
de Glynn Dillon
Editions Akileos
2012
Treize ans après son dernier roman, Bret Easton Ellis revient avec les Éclats et s’autorise un nouveau récit dédié aux années de l’adolescence. L’auteur avait avec Moins que zéro lancé un nouveau style en faisant le portrait de jeunes nantis. Ces derniers roulaient en voiture de marque, fréquentaient Buckley, un lycée privé de privilégiés de Los Angeles tout en s’adonnant à la drogue, au sexe et à l’alcool sans limite. Son style, bien que minimaliste, s’émaillait de références à la pop culture. Dans son dernier livre, on retrouve cette ambiance qui lui est si particulière. Les titres des tubes des années 80, les références cinématographiques, le nom de personnalités célèbres des années 80 (phénomène qu’on a taxé également de « name dropping ») se glissent dans ses pages.
C’est un bel exercice littéraire auquel se livre Bret Easton Ellis. Dans cette évocation de son adolescence, l’arrivée d’un nouveau venu Robert Mallory qui l’attire et le répugne tout à la fois lui permet d’aborder la problématique de l’homosexualité dans l’univers lycéen qu’il fréquente. C’est avec la maturité d’un adulte qu’il reconsidère les évènements qui se sont déroulés lors de son année de terminale, faits que « Moins que zéro » laissait présager.
Dans ce texte d’autofiction que nous offre Bret Easton Ellis, il se met en scène en tant qu’auteur. Il nous décrit le déclic qui l’a conduit à se mettre à écrire sur son année de terminale. Le récit du narrateur est celui d’un homme mur. Avec recul il nous fait le récit de cette année charnière où tout a basculé.
Dans un mélange de Moins que zéro et d’American Psycho, à la manière de Stephen King, un auteur qu’il vénère, l’auteur fait monter l’angoisse jusqu’aux dernières pages. Jouant habilement entre ses deux « moi » narrateurs, Les Éclats mettent en scène la fascination et la répulsion de la Californie pour les sérials killers. Les États-Unis sont encore marqués par l’épisode Charles Manson et les meurtres que ce dernier a commis. C’est dans ce climat d’horreur que Bret évoque les violations de domicile, les disparitions d’animaux puis celles de jeunes-filles alors que les journaux comment à parler du « Trawler », un serial killer qui sévit dans la région.
Malgré cette montée de la tension qui s’effectue au fil du roman, tout concourt à l’effet nostalgie. On se croirait revenu dans l’univers de Moins que zéro qu’on retrouvait également dans Suite(s) impériale(s). Ce sont les rues de Los Angeles qui s’ouvrent au lecteur qui retrouve, outre l’ambiance propre aux textes de l’auteur, les lieux familiers de ses précédents romans.
Les Éclats
de Bret Easton Ellis
traduit de l'américain par Pierre Guglielmina
Éditions Robert Laffont
2023