Le Muret

Si vous connaissez Petit Poilu, un petit héros de la collection Puceron des éditions Dupuis, vous aurez du mal à réaliser que Le Muret est réalisé par le même duo d'auteurs.

L'histoire de Rosie s'apparente en effet au roman graphique et s'adresse plutôt à un public adolescent. L'héroïne, Rosie, est une jeune fille de 13 ans à peine sortie de l'enfance, obligée de grandir trop vite lorsque sa mère quitte le domicile conjugal pour vivre un grand amour. Son père étant perpétuellement en déplacement pour son travail, elle se retrouve alors trop souvent seule dans la maison.

Elle trouve un soutien chez son amie d'enfance Nath mais sombre progressivement dans l'alcool et l'absentéisme scolaire.

Le Muret c'est avant tout une histoire d'adolescence. La jeune fille s'éveille à la musique, découvre l'amour mais a surtout  du mal à se construire.

Sa rencontre avec Jo, un jeune homme plus âgé qu'elle, va paradoxalement la sauver. Même si le mode de vie de ce dernier  l'entraîne sur des chemins que la morale réprouve : il deale, vole et vit tout seul sans s'encombrer de préjugés moraux. Cependant, il est très différent d'elle et possède  une énergie qu'elle n'a pas. 

Le dessin en noir et blanc met particulièrement le récit en valeur. Les courbes rondes des visages et les grands yeux des personnages montrent à quel point Rosie est sans repères dans ce monde où elle grandit.

L'histoire qui se déroule en 1988 touchera aussi bien les ados d'aujourd'hui que les adultes qui ont grandi dans les années 80.

Le Muret

de Céline Fraipont pour le scénario

et Pierre Baillet pour les illustrations

Editions Casterman collection Ecritures.

Esteban, tome 4, Prisonniers du bout du monde

Précédemment publiée chez Milan, la série le Voyage d'Esteban est maintenant reprise chez Dupuis sous le titre d'Esteban. Prisonniers du bout du monde est donc le quatrième tome de cette série. Il diffère des premiers car le récit se déroule sur terre. Esteban n'est plus le jeune mousse embarqué sur un baleinier des premiers tomes.

Il est, grâce à son oncle, libre alors que l'équipage est emprisonné dans un bagne où la vie est difficile.

Nous retrouvons ici un héros plus mûr, qui va décider de sauver son capitaine ainsi que l'équipage et qui pour cela n'hésite pas à s'infiltrer dans le bagne pour sauver ses compagnons.

C'est un récit difficile, parfois violent ; la vie dans le bagne est rude ; les brimades et les humiliations y sont le quotidien des prisonniers. Matthieu Bonhomme nous donne à lire un récit très documenté sur les conditions de détention du bagne d'Ushuaia.

 

 

Les personnages secondaires sont aussi très travaillés tant du point de vue de leurs personnalités qu'au niveau du dessin. La femme du capitaine notamment est un personnage particulier qu'Esteban a bien du mal à comprendre. Son mari la protège et lui cède tous ses caprices comme celui de lui accorder la compagnie de ce jeune homme qui se présente aux portes du pénitencier pour travailler. Chaque personnage est ambigu, ce qui crée un effet de réel très fort et donne envie de croire au réalisme des personnages.

Les origines indiennes du jeune homme sont toujours très présentes dans ce quatrième volume. Dans les premiers tomes, on voyait Esteban dialoguer avec un oiseau. Dans celui-ci, ce dernier n'a pas perdu cette capacité à rentrer en communion avec la nature.

C'est donc un héros plus âgé dans que nous retrouvons dans cette nouvelle aventure destinée autant aux jeunes qu'aux adultes. Prisonniers du nouveau monde peut être lu cependant de manière autonome. Les premiers tomes sont réédités chez Dupuis avec quelques suppléments inédits.

Dès 11 ans.

Esteban, tome 4, Prisonniers du bout du monde

de Matthieu Bonhomme

Editions Dupuis.

No pasaran le jeu, la bd

A une période où les adaptations de romans ados en bande dessinée pullulent et ne sont pas forcément de bonne qualité, le premier tome de No pasaran le jeu qui a été plébiscité par plusieurs générations d'ados et de pré-ados paraît en bd.
J'aime bien le dessin d'Antoine Carrion au trait fin et anguleux qui donne une âme aux personnages, qui les rend peut-être plus "adultes" que je ne l'avais senti en lisant le roman il y a plusieurs années. 
Son crayon s'accommode à la fois de ce jeu temporel qui consiste à passer du réel au virtuel. D'une part il dessine les  jeunes dans leur quotidien avec justesse et d'autre part,il réussit fort bien les scènes de guerre censées être criantes de vérité que les jeunes voient sur l'écran, des scènes qu'on dirait filmées et non créées par des programmes informatiques.
Trois adolescents en voyage scolaire à Londres trouvent dans une vieille boutique de jeux vidéo un jeu sur la guerre hyper réaliste. Or, ce jeu les fascine et les entraîne plus loin qu'ils ne l'auraient pensé.
Publié en 1996, le roman sera remarqué. il sera traduit dans plusieurs langues et sera un véritable best-seller en librairie. Depuis il est régulièrement étudié dans les écoles. En 2005, Christian Lehmann écrira la suite Andreas le retour. Un troisième tome serait en préparation : Endgame, peut-être pour Septembre 2012.

No pasaran, le jeu

 texte de Christian Lehmann

et illustrations d'Antoine Carrion.