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mercredi 14 février 2018

Par amour



Quand les enfants dorment les parents lisent...

 

Juin 1940, ce sont les premiers jours de l’Exode, une période qui a marqué les gens qui l’ont vécue. Muguette et Emelie, deux sœurs, quittent leur domicile avec leurs enfants. Leurs époux ont été mobilisés au début de la guerre. Seules elles abandonnent leurs maisons et partent.


Durant la durée de la Seconde Guerre, nous suivons ces deux familles du Havre.  Dès les premières lignes, on est ému de les voir sur les routes, de sentir leur peur d’avoir quitté la ville. Elles essayent de protéger leurs enfants de la réalité de la mort de toutes les manières possibles. Sans se concerter, elles organisent une course pour que les petits ne voient pas les cadavres sur les talus. On est touché de les voir tenter de mettre à l’abri leurs familles. L'épisode du sacrifice de la poupée de Marline la benjamine, donnée à la fille de la fermière qui les recueille en échange d’un toit et de nourriture, est particulièrement émouvant.


Grand port de commerce, la ville va être bombardée de multiples fois. D’abord par les Allemands et plus tard sans relâche par les Alliés. Déjà confrontés à la pénurie de vivres et aux réquisitions de locaux, les Havrais doivent également subir la peur des bombardements et sans cesse se réfugier dans des abris. Pour la famille que nous suivons c’est une terreur supplémentaire. Les mères ne cessent de s’inquiéter pour leurs enfants.
 
Ce sont les femmes qui sont au centre du roman. Aux difficultés de la guerre s’ajoute la séparation. Les enfants doivent être évacués du centre-ville. Pour ceux de Muguette, soignée loin du Havre  par pneumothorax, ce sera l’Algérie et à la fin de la guerre, la fille d’Emélie sera envoyée à la campagne.







C’est par l’introspection que Valérie Tong Cuong  nous fait suivre le déroulement des événements  de la guerre au Havre. Les mères s’inquiètent des dangers permanents courus par leurs enfants. Quant à ces derniers, ils souffrent de voir leurs pères et mères dépassés par la guerre.






L’auteur nous fait vibrer à l’unisson de cette famille. En choisissant une ville en bord de mer, elle nous montre aussi les dégâts que les bombardements ont causés au sein des villes portuaires. Elle prend le parti de montrer les doutes que causent les frappes alliées, les incompréhensions face aux dommages causés dans des zones où seuls les civils sont touchés. En choisissant de montrer  le conflit du point de vue des citoyens, c’est aussi des portraits de civils qui ressemblent à tout le monde.



Valérie Tong Cuong est née en 1964. Elle est venue à l'écriture après avoir travaillé auparavant en entreprise dans le domaine de la communication et a jusqu'à présent publié une dizaine de romans. Elle a grandi en région parisienne mais c'est à sa mère d'origine havraise qui lui a donné l'idée de ce très beau roman.





Par amour
de Valérie Tong Cuong
Editions Lattès, 2017.
Livre de poche 2018.



mercredi 5 décembre 2012

No pasaran, endgame

Seize ans après la parution de No pasaran le jeu Christian Lehmann publie la fin de la trilogie No pasaran, endgame.

Andréas est toujours bloqué dans le jeu "l'Expérience ultime" en 1942 alors que Eric et Thierry se sont fait éliminer du jeu et ne peuvent plus rien faire pour lui.
La disquette s'avère être en fait un moyen de remonter le temps. Gilles, le frère d'Eric, reporter de guerre, découvre leur secret et part dans le passé à la recherche d'Andréas dans la France occupée de la Seconde Guerre mondiale.

Dans ce volume, tout se résout enfin. Les interrogations laissées en suspens au fil des chapitres des premiers tomes trouvent enfin leur réponse. L'auteur joue avec les codes du voyage temporel avec aisance. D'ailleurs je me demande si en écrivant la scène où les ados achètent la disquette à Londres dans le premier tome, l'auteur savait déjà qui était le vieillard qui leur vendait cette dernière ou si l'idée de réintroduire ce personnage lui est venue plus tard. Quant à ce jeu, je me demande si dès No pasaran, il était si évident que ce dernier  permettait de voyager dans le passé.

Comme je le disais précédemment, la trilogie se clôt de manière définitive avec ce dernier volume et les questions qui me viennent en tête concernent plutôt la genèse de l'écriture.

Au fil des trois tomes, les personnages évoluent. Éric et Thierry continuent leur vie malgré la disparition d'Andréas. Ils sont devenus adultes. Thierry travaille dans un hôpital. Eric fait la connaissance de la mère d'Andréas et tombe amoureux de la cousine de Khaled.
Ce dernier tome redonne sens au premier volume No pasaran le jeu. En effet, le roman soulignait les dangers et les dérives possibles des jeux informatiques. C'était pourtant bien avant l'arrivée de la banalisation d'Internet et des réseaux sociaux. Les tomes suivants font du premier tome un récit sur les débuts de l'informatique. La réflexion qui s'en dégage dépasse ce cadre et donne des pistes au lecteur pour réfléchir sur la nécessité de l'engagement.

"L'expérience ultime", c'est une leçon sur la vie. Ce que nous apprennent les personnages de ce roman c'est qu'il faut apprendre à regarder par soi-même. Andréas est prisonnier de l'éducation que lui a donnée son père, politicien extrémiste engagé et se conduit comme ce dernier. Lâché dans la France de la Seconde Guerre mondiale, le jeune garçon veut œuvrer pour les nazis. De l'autre côté de l'écran, Gilles va tenter de tout faire pour arrêter ce dernier. C'est un duel de convictions qui s'engage alors.

Christian Lehmann, No pasaran, endgame
Editions Ecole des loisirs.

mercredi 5 septembre 2012

Une ile trop loin

Thierry Magnier a eu la bonne idée de réunir en intégrale une tétralogie parue il y a quelques années. Une île trop loin, roman traduit du suédois nous raconte les années de la Seconde Guerre mondiale en Suède. Deux petites filles juives autrichiennes y sont envoyées ; là-bas, réfugiées sur une île près de Göteborg, elles nous rapportent leur quotidien loin de leur famille. 

Séparée de sa cadette, Steffi l'aînée a davantage de mal à s'habituer à son nouvel environnement. Nelli, quant à elle, trouve sa place dans son nouveau foyer.

Les fillettes vont assez vite apprendre le suédois, intégrer l'école ; elles racontent leur nouvelle vie par courrier à leurs parents qui leur écrivent régulièrement. Venant d'un milieu bourgeois viennois, elles découvrent avec surprise le monde de pêcheurs dans lequel elles vivent maintenant.

A des kilomètres du cauchemar de la guerre qui déferle sur l'Europe, elles grandissent et suivent à distance la montée du nazisme. Quelques années plus tard, Steffi obtient une bourse pour continuer ses études sur le continent. Nelli oublie, quant à elle, progressivement sa langue maternelle l'allemand.

C'est une série émouvante. Steffi, en pleine adolescence, hésite à profiter de ses années d'innocence et culpabilise d'être en sécurité alors que ses parents sont en danger, de ne pas assez s'occuper de sa petite sœur ainsi qu'elle l'avait promis à ses parents. Nelli, elle, se conduit comme une petite fille, fait des bêtises, a besoin d'être aimée et se sent parfois abandonnée par sa sœur. L'arrière-plan historique du récit est constamment présent même si la guerre se déroule au loin. Toutefois, elles restent très unies et ont besoin l'une de l'autre dans ce pays étranger.
Dès 12 ans.

Une île trop loin
d'Annika Thor
Editions Thierry Magnier.