Esteban, tome 4, Prisonniers du bout du monde

Précédemment publiée chez Milan, la série le Voyage d'Esteban est maintenant reprise chez Dupuis sous le titre d'Esteban. Prisonniers du bout du monde est donc le quatrième tome de cette série. Il diffère des premiers car le récit se déroule sur terre. Esteban n'est plus le jeune mousse embarqué sur un baleinier des premiers tomes.

Il est, grâce à son oncle, libre alors que l'équipage est emprisonné dans un bagne où la vie est difficile.

Nous retrouvons ici un héros plus mûr, qui va décider de sauver son capitaine ainsi que l'équipage et qui pour cela n'hésite pas à s'infiltrer dans le bagne pour sauver ses compagnons.

C'est un récit difficile, parfois violent ; la vie dans le bagne est rude ; les brimades et les humiliations y sont le quotidien des prisonniers. Matthieu Bonhomme nous donne à lire un récit très documenté sur les conditions de détention du bagne d'Ushuaia.

 

 

Les personnages secondaires sont aussi très travaillés tant du point de vue de leurs personnalités qu'au niveau du dessin. La femme du capitaine notamment est un personnage particulier qu'Esteban a bien du mal à comprendre. Son mari la protège et lui cède tous ses caprices comme celui de lui accorder la compagnie de ce jeune homme qui se présente aux portes du pénitencier pour travailler. Chaque personnage est ambigu, ce qui crée un effet de réel très fort et donne envie de croire au réalisme des personnages.

Les origines indiennes du jeune homme sont toujours très présentes dans ce quatrième volume. Dans les premiers tomes, on voyait Esteban dialoguer avec un oiseau. Dans celui-ci, ce dernier n'a pas perdu cette capacité à rentrer en communion avec la nature.

C'est donc un héros plus âgé dans que nous retrouvons dans cette nouvelle aventure destinée autant aux jeunes qu'aux adultes. Prisonniers du nouveau monde peut être lu cependant de manière autonome. Les premiers tomes sont réédités chez Dupuis avec quelques suppléments inédits.

Dès 11 ans.

Esteban, tome 4, Prisonniers du bout du monde

de Matthieu Bonhomme

Editions Dupuis.

Plume

Plume est un album superbe. Isabelle Simler réalise de très beaux  portraits d'oiseaux croqués avec simplicité. A chaque oiseau sont associées sur la même page des esquisses de ses  plumes grâce à un dessin détaillé.

Au delà du catalogue d'oiseaux, l'illustratrice met en scène un autre personnage, un chat qui tourne autour d'eux. On aperçoit une queue, une oreille, quelquefois plus... mais que fait-il là?

Une histoire à savourer dans laquelle les enfants apprendront à reconnaître les oiseaux ainsi que leurs plumes, à repérer le chat sur chaque double page.
Dès 4 ans.

Plume 

d'Isabelle Simler

Editions courtes et longues.

Petit loup gentil

C'est l'heure des histoires ; le  petit Chaperon rouge, le Loup, Pierre et les trois petits Cochons sont tous assis bien sagement pour écouter l'histoire du soir.

Maxou, le héros  de notre histoire est un "petit loup très gentil qui mange même tous ses  légumes". Il vit en harmonie avec Mademoiselle Paulette, une gentille grand mère qui l'a bien mis en garde contre le grand méchant loup. Aussi, quand il le rencontre c'est la panique. Pourtant ils sont tous les deux de la même espèce.

 

Maxou va essayer de devenir comme lui, de hurler à la lune, de souffler pour faire tomber la maison d'un petit cochon. Pas facile de prouver qu'il est un "vrai loup"! Pourtant notre petit loup trouvera le moyen. Et si le grand méchant loup devenait gentil pour une fois?

Nadia Shireen reprend les personnages des contes de fées à sa sauce...et c'est rigolo, voire même terrible, surtout à la fin!

Un dessin tout simple, aux contours plutôt ronds, des couleurs pastels tirant sur les roses accompagnent nos personnages sauf lorsque le loup paraît ; tout devient alors gris et noir  ce qui met notre  petit lecteur dans l'ambiance; il va avoir peur, très peur...comme notre Maxou! 

Un album dans la lignée du Petit chaperon rouge à lire dès 4 ans.

Petit loup gentil 

de Nadia Shireen

Editions Nathan

L'invention d'Hugo Cabret

L'invention d'Hugo Cabret est un roman que je n'avais jamais eu la curiosité de lire. Je le considérais comme un nouvel Harry Potter. A tort puisque si Hugo Cabret est bien un roman d'aventures, il n'est en rien fantastique. Hugo Cabret est l'histoire d'un jeune garçon, orphelin trop tôt, génialement doué pour la mécanique et l'horlogerie. Après avoir été recueilli par son oncle, il est exploité par ce dernier qui lui fait régler les horloges de la gare Montparnasse. A sa disparition, Hugo tente de survivre au sein de celle-ci.

Roman graphique autant que narratif, Hugo Cabret se différencie des romans jeunesse par la place qu'occupe le dessin par rapport au texte. Des pages entières dessinées au crayon en noir et blanc occupent l'espace et mettent l'accent sur un moment particulier de l'action. Texte et images se complètent.

Mais la seule originalité du roman de Brian Selznick ne tient pas seulement à l'utilisation du graphisme  mais aussi au thème abordé car Hugo Cabret nous parle d'un des pionniers du cinéma et par conséquent des débuts du septième art.

Hugo ne gardera de son père qu'un automate qui ne fonctionne plus. Il mettra tout en oeuvre pour le réparer. Ses tentatives l'amèneront à rencontrer les gens qui peuplent la gare Montparnasse et découvrir un personnage hors du commun : Georges Méliès.

Dès 10 ans.

En explorant les documentaires jeunesse, j'ai découvert une petite collection assez récente chez l'éditeur "A dos d'âne" (pour en savoir plus sur la collection "des graines et des guides" cliquez  ici) qui nous offre en quelques pages une biographie de Georges Méliès, la seule je pense assez récente dans l'univers de la jeunesse qui complètera sans ennuyer la lecture du roman. (45 pages seulement)
Dès 7 ans.

L'Invention d'Hugo Cabret

de Brian Selznick

(Editions Bayard jeunesse)

&

Georges Méliès

le Magicien du cinéma

de Zéno Bianu pour le texte et 

Julia Perrin pour les illustrations.

Editions A dos d'âne

Clara

Clara est une BD au thème un peu difficile puisqu'elle parle du deuil ; en effet c'est le récit d'une petite fille de sept ans dont la maman décède.

Ce récit est touchant, met les larmes aux yeux. Le dessin de Cécile aux teintes pastels, plein de douceur souligne la tristesse de la situation.

Tout d'abord, Clara est une petite fille qui ne comprend pas ce qui se passe : pourquoi sa maman a oublié son anniversaire, pourquoi maman n'est plus comme avant. Il faut dire aussi qu'on ne lui explique rien et qu'elle doit vivre avec ses questions.

Après l'annonce de son  décès, Clara va connaître la difficulté de la vie sans sa maman. Elle  a bien du mal à comprendre où est partie cette dernière.

C'est en elle qu'elle réussit à trouver la solution. Grâce à ses rêves et la poupée de sa maman que cette dernière lui a laissée (une poupée qui s'appelle Clara comme elle), Clara réussira à accepter son deuil. 

C'est réellement un album qui explique clairement ce qu'est la mort d'un proche et parle simplement du travail de deuil avec une situation réaliste et des mots qui sont les leurs aux enfants. Il touchera aussi bien ceux qui ont perdu quelqu'un de proche que ceux qui se posent des questions sur la mort.

Dès 7 ans.

Clara

dessinée par Cécile 

Scénarisée par Lemoine

Editions Le Lombard

Quatre filles et un jean pour toujours

Quatre filles et un jean pour toujours est le tome 5 d'une série terminée dont le premier tome est paru il y a une dizaine d'années. Jusqu'à présent, on parlait d'une tétralogie ; Léna, Bridget, Carmen et Tibby qu'on a suivi quatre étés durant sont devenues des adultes. Dix ans ont passé ; elles ont chacune leurs vies, ne se téléphonent pas tous les jours mais pensent toujours les unes aux autres. Or un jour Tibby organise un week-end en Grèce où elles pourront enfin toutes de se revoir.
Très vite, ces retrouvailles prennent un drôle de ton...!

Nous les avions quittées adolescentes ; nous les retrouvons adultes mais avec quel plaisir! Carmen est devenue actrice, connectée en permanence avec son i-phone. Bridget vit avec Eric son amour de toujours mais passe son temps à déménager, dessine et change constamment de job sans parvenir à se fixer. Léna n'a pas oublié Korkos son amour de jeunesse et en garde des regrets éternels ; elle a appris le grec pendant ces dernières années, langue qu'elle ne parlait pas, même si sa famille est originaire de ce pays. Quant à Tibby, elle est partie s'installer en Australie et ne donne pratiquement pas de nouvelles.

Ce séjour est pour chacune d'elles une opportunité de se revoir enfin adulte même si le jean magique qui les unissait pendant leurs années adolescentes a disparu et n'a jamais réapparu. A la veille d'être trentenaire, ce séjour en Grèce leur permettra de devenir adulte. C'est un plaisir sans pareil de les retrouver. Ann Brashares a su les faire évoluer vers l'âge adulte tout en préservant leurs personnalités.

Le roman est émouvant ; ce n'est pas juste une réunion de trentenaire et on est loin des romans de chick litt. Toutefois peut-être la fin se laisse un peu trop vite deviner mais n'entame en rien le plaisir de retrouver nos quatre héroïnes.
 

Pour relire leurs premières aventures , la tétralogie est réunie dans une compilation et on peut retrouver le récit de leurs étés respectifs en format poche. 

 

A voir aussi si vraiment on ne peut plus se passer d'elles, deux films ont été réalisés à partir de cette série, l'un en 2005  réalisé par Ken Kwapis et l'autre en 2008.

 

Ann Brashares, Quatre filles et un jean pour toujours 

Editions Gallimard

Seuls tome 7, Les Terres basses.

Seuls est une série jeunesse qui diffère de Spirou, Astérix et Tintin dans la mesure où il faut lire les tomes dans l'ordre de parution.

Les Terres basses est le deuxième tome du deuxième cycle.

Dans le premier cycle, nous faisions la connaissance de cinq enfants seuls survivants dans un univers dénué d'adultes. La série faisait ainsi penser à Sa majesté des mouches de William Golding  ou aux Enfants de Timpelbach de Henry Winterfeld. Le cycle se terminait alors qu'on apprenait que ces enfants étaient morts et étaient  bloqués dans les limbes.

Au fil des tomes, nos cinq héros ont fait connaissance d'autres enfants bloqués comme eux dans ce monde. Ils sont constamment menacés ne serait-ce que parce que la ville s'enfonce et que certains enfants se transforment en zombies.

 

Le tome sept n'apporte pas beaucoup de réponses mais entretient le suspense. Au final, un album où l'aventure reprend mais où l'intrigue ne progresse pas tant que ça. Vivement le tome suivant !

Dès 9 ans.

Seuls, tome 7

Dessin de Bruno Gazzotti

Scénario de Fabien Vehlmann

Editions Dupuis.

Cette chanson-là

Cette chanson-là, son père l'a écrite pour elle ; seulement Julie n'a jamais connu son père, musicien, qui a quitté sa mère alors qu'elle était enceinte, puis qui est mort quelque temps après sa naissance. Cette chanson-là est devenue un hit et à chaque fois que Julie l'entend, ça la rend nostalgique.

C'est peut-être pour cela qu'elle mène sa vie sans concession et a besoin de tout organiser.

Julie est à la veille de partir pour l'université et de quitter la maison après le dernier remariage de sa mère. Elle  est bien décidée à vivre cet été un amour de vacances qui se terminera à la rentrée.

On retrouve un peu de l'atmosphère des Quatre filles et un jean (dont le cinquième tome vient juste de sortir) ; c'est aussi une belle histoire d'amour car c'est bien connu les contraires s'attirent et inexplicablement Julie est attirée par un musicien bohème, qui prend la vie comme elle vient et qui surtout l'aime tout simplement.

Julie ne veut pas déroger à ses principes : tomber amoureuse de Damien et voir sa vie future si bien planifiée bouleversée. Pourtant il la fait rire ; elle a envie d'être avec lui. Tout n'est pas si simple que ça et sa mère, auteur célèbre de romans à l'eau de rose qui se marie pour la cinquième fois, ne l'aide pas forcément à y voir clair.

Publié en 2006, le roman qui vient de sortir en poche n'a pas vieilli. L'auteur décrit avec simplicité les sentiments amoureux. C'est vraiment un roman à emmener sans hésitation dans sa valise cet été. Il me reste toutefois un regret : je préférais la couverture d'origine en grand format.

Dès 13 ans.

Sarah Dessen, Cette chanson-là

Pocket Jeunesse

Paris sauvage

 Savez-vous qu'il existe 1200 espèces d'animaux qui vivent dans la capitale?

Le parti-pris de cet album est de nous faire voir les monuments célèbres de Paris sous un autre jour : des lapins qui ont élu domicile sur le terre-plein de la Porte Maillot, des faucons dans les tours de Notre-Dame et beaucoup d'autres exemples qu'on découvre au fil de cet ouvrage.

Nature et tourisme se mêlent agréablement et apportent un regard neuf et original sur la capitale.

"Petite plume de carotte" est la version jeunesse de l'éditeur toulousain Plume de Carotte spécialisé dans les livres sur la nature et qui privilégie l'écologie dans ses choix.

 

Auteur et illustrateur de livres pour enfants, Thierry Dedieu fait le choix ici d'un dessin fouillé dans des couleurs neutres pour  mettre en scène les monuments de la capitale et associe à la vingtaine d'animaux qu'il a choisi un dessin détaillé très coloré. Premier tome d'une série qui explorera d'autres grandes villes du monde,  Paris sauvage nous fait découvrir la capitale sous un jour différent et nous emmène dans la nature sans passer le périphérique.

Paris sauvage de Thierry Dedieu

Edition Petite plume de carotte.

dès 6 ans.

C'est pas moi c'est mon loup

Une petite fille qui ne cesse de faire des bétises accuse "son loup" d'être le coupable et le pire c'est qu'on ne la croit pas! 

En effet, les loups, ça n'existe pas! Pourtant cet  album parle des peurs de l'enfance d'une manière assez drôle. En tout cas, sa maman prend très bien les choses et décide de faire semblant de faire un rôti de loup pour le repas et croyez-moi, le loup n'est plus si fier que ça!

C'est un album qui parle premièrement des peurs des enfants ; on a tous imaginé qu'il y a un loup caché sous notre lit ; l'histoire s'inscrit dans la lignée des livres sur les loups : que ce soit le petit chaperon rouge ou les trois petits cochons, nous dit la fillette, le loup est partout.

C'est un album qui parle aussi du mensonge et des réactions des parents. La frontière entre l'imagination et l'invention est très fragile  pour les enfants ; elle a de la chance cette petite fille car sa maman prend le temps de la prendre au sérieux et finalement le loup disparaît : la recette est à conserver et à noter ; le rôti de loup peut sans doute être adapté à d'autres sauces comme le rôti de monstres. Il y en a aussi souvent sous les lits. Le dessin qui fait penser à du crayon de couleur est rempli de petits détails du quotidien que nos petits monstres sauront repérer. 

De plus, la fin de l'album est surprenante et drôle et m'a fait penser aux héros de Mercer Mayer que ce soit pour Il y a un alligator sous mon lit et Il y a un cauchemar dans mon placard qui ont sans doute bercé l'enfance de nos auteurs.

Dès 4 ans.

C'est pas moi c'est mon loup!

de Milly Cabrol

illustré par Amélie Graux 

Editions Milan jeunesse.

Les vers de terre mangent des cacahuètes

"Avant les vers de terre mangeaient des cacahuètes

 les  oiseaux mangeaient des vers de terre qui mangeaient des cacahuètes

les chats mangeaient les oiseaux qui mangeaient les vers de terre qui mangeaient des cacahuètes ..."

Mais un jour un vers de terre décide de manger un chat et là, c'est l'anarchie qui débute.

© élisa géhin

Au bout du compte et au fil des pages, on finit par se demander qui mange qui... et surtout on rit beaucoup dans cet album qui, toute plaisanterie mise à part, prend à contrepied le principe de la chaîne alimentaire.

On y retrouve un peu du ton des Shadocks. Le dessin d'Elisa Géhin est rafraîchissant, très coloré et reposant de simplicité ; il évoque un peu un dessin d'enfant que Claude Piéplu le narrateur des Shadocks nous commenterait.

Un album à partager avec nos tout-petits dès 4 ans. En outre, n'hésitez pas à aller faire un tour sur le site d'Elisa Géhin mes jeudis amusants où vous pourrez trouver une surprise pour occuper vos mercredis pluvieux.

Les vers de terre mangent des cacahuètes

d'Elisa Géhin

Editions Thierry Magnier