Heurs
et malheurs d’Emmy Hennings créatrice du cabaret Voltaire.
Qui est Emmy Hennings ? Fernando Gonzalez Viñas et José
Lazaro se proposent de rendre justice à cette autrice allemande, figure oubliée
du dadaïsme. Des extraits de ses textes et un gros travail documentaire sur la
vie de cette dernière replacent Emmy Hennings au sein de son époque
sur fond d’histoire mondiale, alors que sa vie lui fait croiser nombre de
figures célèbres de cette période.
Épouse
d’Hugo Ball, elle sera amie avec Herman Hesse qui signera la préface d’un de
ses textes. Ce dernier avouera avoir été surpris par son talent à la lecture de Prisons, livre tiré de son expérience personnelle. Au fil des
pages de l’album, on croise Alfred Kerr, Nathalie Barney, Liane de Pougy,
Herman Hesse, Tagore, Lénine, Frank Wedekind, Cocteau, Hans Arp, Tristan Tzara
et d’autres personnalités dont certaines ont, comme elle, plus ou moins sombré dans
l’oubli.
|
© Cambourakis |
La bd est servie par un ton cynique, celui qu’adopte très vite la
jeune-femme face aux vicissitudes de la vie, ses échecs et ses erreurs. Ses
errances à travers l’Allemagne puis l’Europe la conduiront à se prostituer pour
survivre, à être incarcérée plusieurs fois. Bien qu’accro à la morphine, il émane pourtant
d’elle une puissance et un charme certain lorsqu’elle chante dans les cabarets.
C’est de cette présence surprenante sur scène dont ont témoigné ceux qui l’ont
entendue alors que physiquement, elle n’était qu’une frêle jeune-femme blonde,
ce qui lui valut le surnom d’ange dada. Le dessin en noir et blanc de José
Lazaro est principalement centré sur les visages, laissant ressortir les
émotions des personnages de l’album. Femme libre, elle tranche par son parcours
avec l’image de l’épouse allemande de la première moitié du XXème siècle.
Chanteuse de cabaret, elle est avec son compagnon Hugo
Ball, une des fondatrices du cabaret Voltaire à Zurich, là où est né le
dadaïsme. C’est Tristan Tzara qui a repris à son actif la création de ce
mouvement, même si l’origine du mot « dada » est sujet à controverse
car au final, ce serait peut-être Emmy qui en serait à l’initiative. Sa vie se
déroule, depuis le moment où elle a quitté Flensburg, à la frontière du
Danemark, entre Brême, Munster, Cologne, Berlin, Budapest, Paris et la Suisse.
|
© Cambourakis |
La bd se nourrit d'allusions à la peinture de ces années-là, laissant
apercevoir au détour des cases les œuvres de Picasso, Munch, Klimt ou Marcel
Duchamp. Un tableau de Marcel Janco évoquait d’ailleurs les soirées
d’avant-garde de ce lieu d’avant-garde où peinture et littérature se
rencontraient.
|
© archives dada tumblr.com |
Traduit de
l’espagnol, l’Ange dada ressuscite les débuts d’un courant
artistique qui a mené à l’art moderne. En donnant la parole à Emmy Hennings,
les deux auteurs permettent de faire découvrir un portrait de femme atypique en
ce début du XXème siècle tout en révélant la genèse du dadaïsme avec la
création du Cabaret voltaire à Zurich avant que Tristan Tzara n’arrive à
Paris. l'Ange DADA
Heurs et malheurs d'Emmy Hennings
scénario de Fernando González Viñas
dessins de José Lázaro
traduit en français par Christilla Vasserot
Editions Cambourakis
2021
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire